Les anticorps anti-CCP sont aujourd’hui reconnus pour leur très bonne spécificité dans la PR. Ils sont associés à l’attribution de 3 points quant à leur présence à taux élevé dans le cadre des critères ACR/EULAR 2010.
On sait toutefois qu’il ne s’agit pas d’un critère pathognomonique de la PR. Leur présence a été signalée dans d’autres pathologies rhumatologiques notamment certaines spondyloarthrites comme le rhumatisme psoriasique, le syndrome de Sjögren ou d’autres connectivites.

Cette étude transversale concerne l’analyse des demandes d’anticorps anti-CCP sur une période de 18 mois, soit 1.162 patients. Les auteurs rapportent le diagnostic retenu par les cliniciens au moment du dosage.
Sur les 1.162 demandes, la présence d’anti-CCP a été considérée comme positive chez 357, soit 30,7% des patients. Un diagnostic a été retenu chez 1 140 sujets (36,6% = PR ; 10,7% = rhumatismes psoriasiques ; 6,7% = spondyloarthrites ; 5,4% = rhumatismes inflammatoires indéterminés…).
Pour les malades considérés comme ayant une PR, la sensibilité des anti-CCP est de 70% pour une spécificité de 91,3%, une valeur prédictive positive de 82,3 % et une valeur prédictive négative de 84,1%.
Dans le rhumatisme psoriasique, la fréquence des anti-CCP2 est de 10,7% (13 patients sur 122). Deux patients seulement avec spondyloarthrite avaient des anti-CCP (1 syndrome SAPHO et 1 arthrite réactionnelle).
Dans les rhumatismes inflammatoires indéterminés, la positivité est de 13 patients sur 62, soit 20,9%. Dans le syndrome de Sjögren considéré comme primitif, 11 patients sur 33 (soit 33,3%) avaient des anti-CCP. La fréquence est beaucoup plus faible dans le lupus : 5 patients sur 31 (soit 16,1%) ou la sclérodermie : 4 patients sur 37 (soit 10,8%).
A noter la présence d’anti-CCP chez 3 patients considérés comme ayant une arthrose et 3 un rhumatisme microcristallin.

Les auteurs donnent quelques détails concernant les 13 patients avec rhumatisme psoriasique et anticorps anti-CCP : dans tous les cas, il s’agit d’un rhumatisme psoriasique avec atteinte périphérique… 9 fois sur 13 avec une atteinte globalement symétrique… et dans tous les cas sauf un avec une atteinte radiographique de type érosive.
En ce qui concerne les titres d’anticorps anti-CCP, les auteurs ne retrouvent aucune différence significative lorsqu’ils comparent en particulier les sujets PR versus autres affections rhumatologiques.

Par le Pr René-Marc Flipo (CHRU – Lille)
Article commenté :
Anticyclic citrullinated peptide antibodies in rheumatoid and nonrheumatoid rheumatic disorders : experience with 1162 patients.
Payet J et coll.
J Rheumatol 2014 ; 41: 2395-2402