Bien qu’étant une pathologie très fréquente dont la physiopathologie est de mieux en mieux connue, l’arthrose reste en attente d’un traitement structural efficace. L’atteinte cartilagineuse s’accompagne fréquemment d’une atteinte synoviale avec production de cytokines pro inflammatoires (interleukine 1 [IL-1], Tumor Necrosis Factor alpha [TNFalpha]. Ces cytokines sont probablement, tout au moins en partie, d’origine macrophagique. Ces données physiopathologiques sont vérifiées dans l’arthrose expérimentale à la collagénase chez la souris. Dans ce modèle l’injection intra-articulaire de collagénase digère non pas le cartilage, mais les ligaments, produisant ainsi une instabilité qui conduit à l’arthrose.

Dans cette étude, les auteurs ont utilisés ce modèle d’arthrose pour visualiser l’effet de l’injection intra-articulaire de cellules souches mésenchymateuses. En effet, ces cellules ont des propriétés immunosuppressives potentiellement favorables en ce qu’elles contrebalancent l’effet délétère des macrophages synoviaux. Ces cellules souches étaient isolées de la graisse péri ganglionnaire inguinale, puis cultivées pendant 2 semaines, avant d’être injectées dans l’articulation de souris traitées par la collagénase sept jours auparavant. Certaines cellules souches étaient rendues fluorescentes pour suivre leur devenir intra- articulaire : leur survie est courte car à J5 de leur injection, plus aucune fluorescence n’était détectée.

Les articulations ont été étudiées histologiquement à J14 et J42 du traitement. Les auteurs constatent plusieurs effets favorables : diminution de l’épaisseur de la membrane synoviale (-31 % à J42), diminution de l’ostéophytose (-44 à -89 % à J42 selon le compartiment considéré), diminution de la destruction cartilagineuse (-35 % à J42, -65 % à J14). Ces effets sont précoces (J14) et durables (J42) très à distance de l’injection des cellules souches, bien longtemps après u celles-ci aient disparu de l’articulation. Parallèlement, les auteurs constatent une diminution de l’IL-1béta.

Au total, cette étude démontre un effet favorable d’une injection unique intra-articulaire de cellules souches mésenchymateuses dans un modèle animal d’arthrose, probablement par un effet anti cytokinique, et donc anti métalloprotéinase. Reste qu’il s’agit d’un traitement précoce de l’arthrose qu’il sera difficile de transposer à l’homme. On peut tout même imaginer une application thérapeutique en post traumatique immédiat, par exemple lors d’une entorse grave du genou.

ter Huurne M et coll : Antiinflammatory and chondroprotective effects of intraarticular injection of adipose-dérived stem cells in experimental osteoarthritis. Arthritis and rheumatism. 2012; 64: 3604-3613