Le diagnostic positif des spondyloarthropathies (SPA) repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques, radiographiques et surtout tomodensitométriques. La scintigraphie osseuse est en dernière position, alors qu’elle a longtemps été considérée comme un examen de  choix. Ce sont les érosions osseuses péri-articulaires qui constituent le critère diagnostique le plus puissant, en radiographie comme en tomodensitométrie (TDM). Quelle pourrait-être la place de l’IRM ostéo-articulaire dont la résolution spatiale est supérieure à celle de la TDM ? C’est à cette question que répond une étude rétrospective  réalisée en Chine, dans laquelle ont été inclus 43 patients atteints d’une SPA très probable ou confirmée.

L’objectif a été d’évaluer la sensibilité et la spécifité de l’IRM tridimensionelle pour ce qui de la détection des érosions osseuses péri-articulaires au niveau des articulations sacro-iliaques. L’examen de référence a été la TDM, des clichés radiographiques classiques étant en outre réalisés. L’acquisition des images IRM a reposé sur un protocole standard comportant notamment : d’une part, une  séquence  de précession libre dite 3D-WS-bSSFP (water selective balanced steady-state free precession), d’autre part, une séquence T1W (T1-weighted) permettant d’obtenir des images pondérées en T1, et enfin une séquence STIR (short tau inversion recovery).  L’interprétation des données a été confiée à deux radiologues qui ont lu les images, chacun de leur côté. Il va sans dire que ces deux opérateurs n’étaient pas renseignés sur le contexte clinique. La recherche d’érosions osseuses s’est focalisée sur les berges des deux articulations sacro-iliaques, en sachant qu’en IRM, les images T1W et 3D-WS-bSSFP ont été lues séparément.

Au total, 86 articulations sacro-iliaques ont été analysées. La radiographie, la TDM, les images T1W et 3D-WS-bSSFP ont mis en évidence des érosions osseuses dans respectivement, 40, 74, 50 et 71 cas. La TDM et l’IRM (séquence MRI 3D-WS-bSSFP) ont fait preuve d’une sensibilité similaire (Chi2 = 0,11 ; p = 0,74), supérieure à celle des radiographies standards (respectivement p < 0,05 et p< 0,01), mais aussi des à celle des images pondérées en T1 (respectivement, p < 0,01 et p < 0,05). Par rapport à la TDM en tant que gold standard, la sensibilité et la spécificité de l’IRM dans la détection des érosions osseuses ont été respectivement de 91,8 % et 96,9 % pour ce qui de la séquence WS-bSSFP (versus 60,8 % et 94,9 % pour la séquence T1W).

En bref, l’IRM des articulations sacro-iliaques comportant une séquence 3D-WS-bSSFP semble faire au moins aussi bien que la TDM dans la détection des érosions osseuses qui caractérisent les SPA. L’avantage de cette technique est qu’elle ne fait pas appel aux radiations ionisantes. Le choix entre la TDM et l’IRM doit cependant tenir compte d’autres facteurs. En premier lieu, les performances diagnostiques ont été ici évaluées dans le cadre d’une seule étude incluant un petit nombre de patients chez lesquels le diagnostic de SPA était sinon certain du moins hautement probable. Les intervalles de confiance sont donc assez larges. Par ailleurs, le critère diagnostique retenu, pour pertinent qu’il soit, en l’occurrence les érosions osseuses, n’est pas d’ordre clinique, ce qui limite la portée des résultats en termes de performances diagnostiques. Enfin, l’apport de l’IRM doit tenir de son rapport coût/efficacité, au mieux évalué de manière prospective dans les conditions de la pratique médicale courante.

Dr Philippe Tellier (JIM.fr)

Référence
Hu L et coll. : The performance of MRI in detecting subarticular bone erosion of sacroiliac joint in patients with spondyloarthropathy: a comparison with X-ray and CT. Eur J Radiol., 2014; 83:2058-64.