Les injections de sang autologue ont acquis une certaine popularité ces dernières années pour le traitement de tendinopathies. Cela en dépit d’un manque de preuves incontestables d’efficacité. En ce qui concerne la tendinite d’Achille par exemple, une seule étude a conclu à l’efficacité de cette technique et elle était de méthodologie discutable.

Un complément d’informations nous est fourni par une nouvelle étude réalisée en Nouvelle Zélande. Au total 53 patients souffrant d’une tendinite de la partie moyenne du tendon d’Achille depuis plus de 3 mois ont été randomisés en deux groupes. Les uns (n=26) recevaient des injections péritendineuses de 3 ml de sang autologue, les autres (n=27), des injections de placebo. Les injections étaient réalisées en trois points, et renouvelées 1 mois plus tard. Tous les patients devaient ensuite suivre quotidiennement un programme de rééducation, de type travail excentrique selon la méthode standard, pendant au moins 12 semaines. L’efficacité des traitements était évaluée à 1, 2, 3 et 6 mois, par le score VISA-A, qui cote la douleur et l’impotence fonctionnelle sur une échelle de 0 à 100.

Le résultat a été décevant pour ceux qui misaient sur l’efficacité de cette technique pour résoudre le problème difficile de la prise en charge des tendinopathies d’Achille. En effet, s’il est bien constaté une amélioration à 6 mois, elle est sensiblement la même dans les deux groupes, de 18,7 points du score VISA-A pour le groupe ayant reçu le sang autologue et de 19,9 points dans le groupe témoin. L’analyse des différents éléments considérés, cliniques et fonctionnels, ne permet pas de conclure à un bénéfice supérieur aux inconvénients pour les injections de sang autologue.

Les auteurs n’excluent pas de possibles biais méthodologiques. Ils soulignent notamment que des injections intra-tendineuses guidées auraient peut-être une efficacité différente. Ils estiment néanmoins qu’actuellement les injections de sang autologue n’apportent rien de plus au traitement qu’un programme bien conduit de travail excentrique.

La tendinite d’Achille affecte de nombreux sportifs, les obligeant à arrêter leur activité. Certains travaux révèlent toutefois que 31 % des cas concernent des sujets sédentaires. Plutôt qu’une inflammation, les anomalies histopathologiques de la tendinite d’Achille consistent en une dégénérescence mucoïde et un déficit de cicatrisation, mais l’étiologie précise reste obscure. Les cytokines et les facteurs de croissance contenus dans l’échantillon de sang autologue injecté devraient stimuler la cicatrisation tissulaire et la production de collagène de type 1. Une action dont le bénéfice reste à prouver.

Bell KJ et coll. : Impact of autologous blood injections in treatment of mid-portion Achilles tendinopathy: double blind randomized controlled trial. BMJ 2013;346:f2310doi: 10.1136/bmj.f2310