Les patients atteints d’une SEP présentent dans 80 % des cas des troubles urinaires lors de l’évolution de leur maladie. Après un AVC, la moitié des patients déclenchent des troubles urinaires qui disparaissent spontanément pour 90 % environ. Si l’on considère plus précisément la vessie hyperactive, les traitements disponibles englobent outre les auto-sondages pluriquotidiens la prescription de médicaments (tels que les anticholinergiques) et les injections de toxine botulique A dans le détrusor (à réitérer tous les 6 mois en moyenne). D’autres pistes sont également explorées, telles que l’emploi de l’électrothérapie, avec pour principe d’activer une voie de conduction nerveuse afin d’inhiber ou de stimuler la conduction nerveuse d’une autre voie, et donc de moduler le contrôle neurologique de l’appareil vésico-sphinctérien. On peut citer la neuromodulation directe des racines sacrées postérieures par électrodes implantées, et de manière moins invasive, la stimulation transcutanée du nerf tibial à la cheville.
Dernièrement, l’emploi de la SEF (stimulation électrique fonctionnelle) des fibulaires, utilisée pour améliorer la vitesse de marche et réduire les chutes chez les personnes présentant un déficit des releveurs, a fait émerger des observations anecdotiques de modifications dans les symptômes de la vessie. Une étude observationnelle publiée dans Clinical Rehabilitation explore cette association.
Des améliorations significatives chez les patients souffrant de SEP
Au total, 47 patients traités pour un déficit des releveurs par SEF durant une période de six mois ont rempli un questionnaire d’évaluation des symptômes de la vessie (ICIQ-OAB). Parmi eux, 35 (75 %) avaient une SEP et les 12 autres avaient un total de 9 diagnostics différents. Les autres affections comprenaient : l’AVC (pour 3 d’entre eux), la paralysie cérébrale, la maladie du motoneurone, la paraparésie spastique héréditaire, le méningiome et les ataxies spinocérébelleuses.
A l’analyse des résultats, l’amélioration des symptômes de l’hyperactivité vésicale n’était pas significative dans l’ensemble de la cohorte, cependant, elle était significative chez les patients atteints de SEP (n = 35; variation moyenne du score ICIQ-OAB 1,0, p = 0,043). Plus précisément, des améliorations significatives ont été observées en matière d’urgence mictionnelle et d’incontinence urinaire par impériosité chez ces patients. De plus, il y avait une corrélation négative significative au sein de la cohorte de SEP entre la vitesse de marche spontanée et le changement subséquent du score ICIQ-OAB (coefficient de corrélation de r = -0,40, p = 0,046). Ainsi, de plus grands changements dans les symptômes de la vessie ont été observés pour les patients atteints de SEP ayant des vitesses de marche plus lentes.
Les résultats de cette étude exploratoire suggèrent que l’utilisation de la SEF des fibulaires pourrait améliorer les symptômes de l’hyperactivité vésicale chez les personnes atteintes de SEP. Néanmoins des études plus poussées seraient nécessaires pour confirmer cette association au vu de la faible puissance de l’essai et de la sélection des pathologies. Il serait également intéressant de déterminer les mécanismes mis en jeu, sachant que les racines stimulées et le programme d’électrothérapie utilisé dans cette étude (L4-L5, SEF) sont différents de ceux impliqués lors de la stimulation du nerf tibial par voie percutanée (S1, TENS).
Anne-Céline Rigaud