Ostéite sur pied diabétique : l’albuminurie est un autre facteur de mauvais pronostic

Les plaies du pied diabétique sont fréquentes et lourdes de conséquences en termes de morbimortalité. Elles exposent notamment à un risque élevé d’ostéite favorisée par l’infection des  parties molles qui gagne le tissu osseux par contiguïté d’autant plus facilement que la neuropathie diabétique confère une certaine indolence. La néphropathie semble être un autre facteur favorisant ou aggravant car elle s’associe à l’ostéite chez près de 40 % des diabétiques.

La valeur pronostique de l’albuminurie, dans ce contexte particulier, sachant qu’il s’agit là d’un des signes biologiques les plus étroitement corrélés à l’évolution de l’atteinte rénale et de la maladie diabétique, a été examinée dans une étude de cohorte réalisée en Chine ; celle-ci a inclus 202 patients (âge moyen 60,3 ans ; hommes : 62,5 %) hospitalisés pour une ostéite développée sur un pied diabétique. Le diagnostic de cette ostéite avait été posé sur les critères définis par un groupe de travail de l’OMS, la preuve d’une atteinte osseuse en faisant partie.

Albuminurie pour 45 % des patients

Trois groupes ont été constitués en fonction des valeurs de base du rapport albumine-créatinine urinaire (ACRU) : absence d’albuminurie, microalbuminurie et macroalbuminurie. La prévalence de l’albuminurie a été estimée à 45 %. Les relations entre ACRU et pronostic ont été évaluées à l’aide d’analyses multivariées qui ont pris en compte la mortalité globale, les évènements cardiovasculaires majeurs (ECVM) et la combinaison de ces deux critères.
En cas de microalbuminurie (versus l’absence de ce signe), la mortalité globale a été majorée de 81,8 % versus 135,4 % quant au risque d’ECVM et 136,4 % quant aux deux critères combinés. En cas de macroalbuminurie, les valeurs correspondantes ont été de respectivement 246,2 %, 145,1 % et 252,3 %. La part de risque attribuable à l’augmentation du rapport ACRU  a été estimée à 50,16 % pour ce qui est de la mortalité globale et de 47,85 % pour ce qui est des ECVM.

En cas d’ostéite greffée sur un pied diabétique, l’existence d’une albuminurie apparaît comme un signe biologique de mauvais aloi, de fait annonciateur d’une surmortalité et d’un risque élevé d’ECVM. Une notion qui mérite d’être prise en compte face à une complication fréquente et grave de la maladie diabétique évoluée.
Dr Joseph Miller

Yang J et coll. : Urine Albumin-Creatinine Ratio Is Associated with Prognosis in Patients with Diabetic Foot Osteomyelitis. Diabetes Res Clin Pract. 2021 : publication avancée en ligne le 9 septembre. doi: 10.1016/j.diabres.2021.109043.