Après une première entorse latérale de cheville, une récidive se produit pour 61 % des patients, cette récurrence entraînant une réduction de l’activité et une invalidité potentielle. Si la prévention des récidives reste l’un des principaux objectifs du traitement, on ignore quels facteurs sont favorables à la répétition des entorses après un épisode initial. Jusqu’à présent, la plupart des études se sont concentrées sur l’identification et le traitement des déficiences associées à la récurrence à savoir les caractéristiques biomécaniques de la cheville, la force musculaire, la stabilité posturale, la proprioception, les réactions parachutes et la performance fonctionnelle. Une étude prospective de cohorte passe à la loupe ces divers éléments ainsi que des variables interindividuelles plus globales, afin de les étudier de manière prospective en tant que facteurs prédictifs de récidive d’entorse à la cheville.

A partir d’un échantillon de 70 patients témoins et 30 patients avec antécédent d’entorse, les facteurs susceptibles d’être incriminés ont été mesurés : démographiques, instabilité perçue de la cheville, laxité ligamentaire de la cheville, amplitude passive du mouvement de la cheville, équilibre, proprioception, contrôle moteur et pic de puissance inverseurs/ éverseurs). Les participants ont été suivis mensuellement et le nombre d’entorses de cheville a été enregistré sur 12 mois.
Entorse récente et jeune âge, facteurs de risque indépendants de récidive
Quatre-vingt-seize participants ont terminé l’étude ; dix ont eu une entorse à la cheville. Une combinaison de 10 facteurs prédictifs (une entorse récente, un âge plus jeune, une taille et un poids plus importants, une instabilité perçue, une laxité accrue, un équilibre altéré et un plus grand pic de puissance d’inversion / éversion) expliquait 27 à 56 % de la variance quant à la survenue d’une entorse de la cheville (p = 0,001). Ce modèle reposant sur la combinaison de 10 variables prédit correctement près de 90 % des nouvelles entorses. En outre, une entorse latérale de cheville récente (Odds ratio OR = 8,23, intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] = 1,66 à 40,72) et le fait d’être âgé de moins de 24 ans (OR = 8,41, IC 95 % = 1,48 à 47,96) étaient des facteurs prédictifs indépendants de la récidive d’une entorse latérale, chacun multipliant par 8 le risque d’être victime d’une nouvelle entorse. Chez des témoins en bonne santé, l’âge était également un facteur prédictif indépendant d’entorse de cheville.

Contrairement aux idées reçues, les problèmes d’équilibre après une entorse à la cheville ne permettent donc pas de prédire de manière indépendante une nouvelle entorse. Les causes de récidive de l’entorse de la cheville sont plutôt factorielles. Une combinaison de différents facteurs dont une entorse récente augmente la probabilité d’entorses futures. Le jeune âge est également un facteur indépendant de prédiction des entorses de la cheville, aussi bien chez les adultes en bonne santé que chez ceux avec antécédents. Une combinaison de facteurs, notamment une taille et un poids plus importants, une instabilité perçue, une laxité accrue, un équilibre altéré et un plus grand pic de puissance des inverseurs/éverseurs, a prédit la survenue d’une entorse chez 90 % des participants. La raison pour laquelle l’augmentation de la puissance est liée à l’augmentation du risque d’entorse n’est pas claire, mais la puissance des inverseurs/éverseurs peut potentiellement être influencée par la taille ou le poids. Dans tous les cas, bien que la plupart de ces facteurs soient non modifiables, ils peuvent aider à cibler la population à risque.

Anne-Céline Rigaud

RÉFÉRENCE
Pourkazemi F and coll.: Predictors of recurrent sprains after an index lateral ankle sprain: a longitudinal study. Physiotherapy, 2018; 104: 430-437