Où l’aprémilast fait des pieds et des mains pour les KPP !

L’aprémilast est un inhibiteur de la phosphodiestérase 4(PDE4) proposé (par voie orale) dans le traitement du psoriasis et du rhumatisme psoriasique pour ses effets sur les médiateurs de l’inflammation impliqués dans ces affections (TNF alpha, IL-23, IL-17) et dont il diminue l’expression.
Son efficacité dans certaines formes de psoriasis difficiles à traiter telles que les psoriasis avec une hyperkératose marquée (psoriasis verruqueux) et les kératodermies palmoplantaires (KPP) psoriasiques a été soulignée, reflétant une action marquée sur les anomalies épithéliales. Ceci a conduit une équipe de dermatologistes au Japon à proposer l’aprémilast dans le traitement de KPP pas nécessairement d’origine psoriasique.

Au total 6 observations sont rapportées. Trois concernent des psoriasis vulgaires avec atteinte palmoplantaire réfractaire aux traitements habituels et où l’aprémilast a obtenu des bons à excellents résultats en deux à trois mois.

Trois cas de KPP non psoriasiques

Dans l’un des trois autres cas, il s’agissait d’une localisation palmoplantaire d’un pityriasis rubrapilaire chez un patient avec un syndrome de Down. Les lésions se sont significativement améliorées en trois mois. Des constatations semblables ont été faites pour d’autres cas de PRP et les auteurs estiment que cela pourrait s’expliquer par la pathogénie du PRP, laquelle ferait intervenir la voie IL-12/23p40.
Un autre patient souffrait de kératodermie palmoplantaire (KPP) dans le cadre d’une érythrodermie ichtyosiforme congénitale liée à une mutation de ABCA12. Là encore l’aprémilast a amené une régression appréciable des lésions en 4 mois.
Enfin, chez un dernier malade, âgé de 60 ans, une kératodermie palmoplantaire s’était développée depuis 6 mois en l’absence de toute autre affection dermatologique ou systémique, ou encore d’exposition à des médicaments ou des produits chimiques. Cette KPP acquise a disparu sous aprémilast en l’espace de deux mois.

L’aprémilast semble donc être un bon candidat au traitement des kératodermies palmoplantaires de diverses origines grâce à ses effets non seulement immunomodulateurs mais aussi son action directe sur la prolifération cellulaire et l’inflammation. Mais des études sur de plus larges cohortes devront évidemment l’établir.

Dr Marie-Line Barbet

RÉFÉRENCE
Nakajima K et coll. : Beneficial Impact of Apremilast on Palmoplantar Keratodermas. Acta Derm Venereol.,2021; 101(4):adv00437. doi: 10.2340/00015555-3805.