L’entorse de la cheville est un motif fréquent de consultation aux urgences. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’entorses de grade 1 ou 2, les entorses de grade 3 étant beaucoup plus rares. Mais si la prise en charge de ces dernières est assez bien standardisée, ce n’est pas le cas pour les premières et cela a incité une équipe canadienne à mener un essai randomisé contrôlé sur 503 patients consultant aux urgences dans les 72 heures suivant une entorse de la cheville de grade 1 ou 2. Les uns (n = 250) recevaient les soins usuels, accompagnés d’une fiche de conseils pour le glaçage, repos, antalgiques, surélévation du membre, contention, mobilisation et reprise d’appui progressifs. Les autres (n = 253) bénéficiaient en plus d’une kinésithérapie précoce et de conseils d’exercices à domicile. L’évolution était évaluée par le score FAOS (Foot and Ankle outcome score) et une récupération était jugée comme excellente quand ce score atteignait 450/500 à 3 mois.

C’est pas le pied…

Pour ceux qui s’attendaient à un avantage de la kinésithérapie, les résultats sont décevants. En effet, l’ajout de la kinésithérapie aux soins habituels n’améliore pas significativement la récupération fonctionnelle à 3 mois. Une excellente récupération est retrouvée chez 37 % des patients du groupe soins habituels, contre 43 % de l’autre groupe (différence absolue 6 % ; intervalle de confiance à 95 % -3 % à 15 %), mais cette tendance à la supériorité de la kinésithérapie ne résiste pas à l’ajustement pour différents facteurs. Elle n’est surtout  pas retrouvée 6 mois après l’entorse, délai auquel 38 % des patients du groupe traitement usuel et 43 % du groupe kinésithérapie n’ont toujours pas une récupération excellente.

Ce dernier élément suggère que, si la kinésithérapie ne paraît pas avoir une efficacité supérieure au traitement standard, la recherche de traitements alternatifs reste souhaitable.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES

Brison RJ et coll. : Effect of early supervised physiotherapy on recovery from acute ankle sprain: randomised controlled trial
BMJ 2016;355:i5650