Par le Pr René-Marc Flipo (CHRU – Lille)
Article commenté :
Development of an ASAS-endorsed recommendation for the early referral of patients with a suspicion of axial spondyloarthritis.
Poddubnyy D et al.
Ann Rheum Dis 2015 ; 74:1483-7

 

Recommandations du groupe ASAS.
Dans les spondyloarthrites axiales, le délai diagnostique moyen a été estimé entre 5 et 8 ans ; délai qui repose notamment sur le retard à la consultation spécialisée rhumatologique. Pour autant il est difficile d’imaginer adresser aux rhumatologues tous les sujets jeunes lombalgiques… d’où l’intérêt de cette récente publication du groupe ASAS.

Les auteurs ont effectué dans un 1er temps une revue de la littérature sur la question, puis ils ont procédé à 2 tours de Delphi avant de finaliser en janvier 2014 la rédaction de recommandations concernant le recours précoce au rhumatologue pour un sujet potentiellement suspect de développer une spondyloarthrite axiale débutante.
Pour l’analyse de la littérature, les auteurs ont retenu 6 publications et 2 abstracts (totalisant 3.014 patients). Dans tous les cas, le diagnostic est évoqué chez des sujets se plaignant de lombalgie depuis au moins 3 mois et pour un âge de début ≤ 45 ans.
Dans la littérature, la rentabilité des critères proposés va de 38,6% en moyenne (32,6 – 45,4)… à 43% si on se réfère à des rachialgies de tonalité inflammatoire… et 62% si on exige la présence de l’antigène HLA B27.

Les propositions du groupe ASAS sont les suivantes :
Les patients se plaignant de lombalgies chroniques (durée ≥ 3 mois) avec début des douleurs avant l’âge de 45 ans devraient être adressés à un rhumatologue si au moins 1 des critères suivants est présent :
– Lombalgies de tonalité inflammatoire (au moins 4 des 5 critères suivants : âge de début ≤ 40 ans, début progressif, amélioration par l’exercice, absence de soulagement par le repos, douleurs nocturnes avec amélioration au lever).
– Existence d’une sacro-iliite radiologique (radiographies standard ou IRM / si ces examens d’imagerie sont disponibles / Ces examens n’étant pas recommandés comme examens de « débrouillage » en pratique clinique courante).
– Manifestations périphériques (notamment arthrites, enthésites et/ou dactylites, passées ou présentes / enthésites = talalgies par enthésite du tendon achilléen ou de l’aponévrose plantaire / dactylites diagnostiquées par un médecin).
– Manifestations extra-articulaires (psoriasis, MICI et/ou uvéites) (comorbidité passée ou présente mais confirmée par un médecin).
– Antécédents familiaux de spondyloarthrite (parents du 1er degré ou du second degré : spondylarthrite ankylosante, psoriasis, uvéite antérieure, arthrite réactionnelle et MICI).
– Bonne réponse aux AINS (amélioration en 24 à 48 heures après prise d’un traitement AINS à dose optimale).
– Syndrome inflammatoire biologique (augmentation de la VS ou de la CRP en l’absence d’autre étiologie).