La structure et la dynamique de la voute plantaire est essentielle pour les fonctions du pied telles que l’absorption des chocs, la transmission du poids corporel, la propulsion vers l’avant et le soutien postural. Pour rappel, les os du pied sont classés en trois segments : l’arrière-pied (talus et calcanéus), le médio-pied (naviculaire, cuboïde et les 3 cunéiformes) et l’avant-pied (métatarsiens et phalanges). Au niveau biomécanique, divers ligaments maintiennent cette intégrité structurelle, notamment le ligament deltoïde et le fascia plantaire. Les os et ligaments associés forment 3 arches : longitudinale médiale, longitudinale latérale et transversale. La hauteur de l’arche longitudinale médiale est supérieure à celle de la longitudinale latérale, et sa courbure peut changer lors de la mise en charge. Les muscles extrinsèques, y compris les muscles tibial antérieur, tibial postérieur et long péronier, aident à stabiliser l’articulation médio-tarsienne et fournissent un soutien dynamique à l’arche longitudinale médiale pendant la phase d’appui. Les muscles intrinsèques du pied, tels que l’abducteur de l’hallux, le court fléchisseur des orteils et les muscles interosseux, aident à stabiliser la voûte plantaire pendant la propulsion.

Le pied plat en long, en large et en travers

En cas de « pied plat », la courbure de l’arche longitudinale médiale est plus plate que la normale entraînant un contact avec le sol.  On distingue 2 sous-types de pied plat. Dans le pied plat flexible, l’arche longitudinale médiale est présente dans les conditions de chaîne cinématique ouverte (sans appui) et perdue dans les conditions de chaîne cinématique fermée (avec appui), contrairement au pied plat rigide dont la perte de la hauteur se retrouve dans les 2 situations. Les arches commencent à apparaître lorsque l’enfant commence à marcher et que le pied commence à supporter régulièrement le poids du corps, elles se développent rapidement entre 2 et 6 ans et « mûrissent » vers 12 à 13 ans. Ainsi la prévalence du pied plat chez les enfants est élevée en raison de la laxité ligamentaire, alors que dans la population adulte elle varie entre 5 et 14 %. Or, cette anomalie peut entraîner divers déficits : douleur, moindre distance de marche, démarche altérée, arthrose. Des méthodes thérapeutiques sont proposées dans le traitement du pied plat flexible : des supports passifs (orthèses plantaires, bandes, chaussures), ainsi que des exercices actifs. Mais à quel point ces derniers peuvent-ils être efficace ? Chez les personnes ayant un pied plat flexible, quel est l’effet d’un programme d’exercices complet sur la hauteur de chute naviculaire et l’angle de l’arc longitudinal médial ? C’est ce à quoi un essai contrôlé randomisé tente de répondre.

Efficacité d’une série d’exercices sur six semaines

Dans cet essai, 52 personnes avec pied plat flexible ont été incluses. Le groupe expérimental a entrepris des séances d’exercice de 30 minutes 3 fois par semaine pendant 6 semaines. Les exercices impliquaient dorsiflexion et une flexion plantaire actives, exercices de raccourcissement du pied, renforcement des muscles fessiers et étirements. Le groupe témoin effectuait quant à lui uniquement des dorsiflexions et des flexions plantaires actives pendant ces 6 semaines. Les résultats montrent qu’après 6 semaines, les participants du groupe expérimental ont amélioré la hauteur de leur naviculaire de 0,4 cm (intervalle de confiance à 95 % IC à 95 % 0,4 à 0,5) par rapport à celle du groupe témoin. Ces participants ont également amélioré l’angle de leur arche longitudinale de 16 degrés (IC 95 % 13 à 19) par rapport au groupe témoin.

Ainsi, chez les personnes ayant un pied plat flexible, un programme d’exercices complet de 6 semaines permet d’améliorer la hauteur de l’os naviculaire et l’angle de la voûte longitudinale. Cela, dans le but d’améliorer l’apparence esthétique du pied et de réduire la progression vers un pied plat plus sévère, qui peut devenir symptomatique. Cet état des lieux fournit un aperçu supplémentaire du rôle des muscles intrinsèques du pied en tant que stabilisateurs locaux. Ils jouent également un rôle important dans l’équilibre statique et dans l’ajustement de la posture. Quant aux muscles extrinsèques, le muscle abducteur de l’hallux joue un rôle dans la mise en charge et la poussée du corps vers l’avant pendant la poussée dans la marche ; le muscle court fléchisseur de l’hallux maintient l’arc longitudinal médial pendant la position terminale de la marche pour maintenir la stabilité du pied. Enfin, la faiblesse des muscles fessiers entraîne une rotation interne de l’articulation de la hanche et induit une pronation du pied. La réactivation des muscles fessiers semble donc rétablir des schémas de recrutement corrects en chaine cinétique fermée.

RÉFÉRENCE
Brijwasi T, Borkar P : A comprehensive exercise program improves foot alignment in people with flexible flat foot: a randomised trial. J Physiother. 2023 Jan;69(1):42-46. doi: 10.1016/j.jphys.2022.11.011. Epub 2022 Dec 14. PMID: 36526555.