Les personnes physiquement actives participant à des activités ou des sports qui nécessitent de sauter, de changer de direction et de pivoter présentent un risque accru d’entorse de la cheville. Après une première entorse de la cheville, les structures de l’articulation passives (type capsule articulaire et ligaments) et dynamiques (type muscle) sont affaiblies, majorant le risque de récidive.
Or les entorses de la cheville répétées peuvent entraîner une instabilité chronique de la cheville, une invalidité à long terme, et une baisse des niveaux d’activité physique ce qui souligne l’importance d’élaborer des stratégies de prévention. Afin d’identifier l’effet des interventions prophylactiques primaires et secondaires pour l’entorse latérale de cheville dans la population générale, une méta-analyse dans Clinical rehabilitation fait le point.
Dans cette revue ont été triés les essais contrôlés randomisés et les études de cohorte prospectives évaluant les interventions de prévention pour l’entorse latérale de la cheville ; 17 articles ont ainsi été retenus.
Effet bénéfique possible de l’entraînement proprioceptif mais pas des attelles !
L’entraînement proprioceptif montre un effet significatif sur la prévention d’une future entorse par rapport à l’absence d’intervention (Risque relatif RR = 0,59, p < 0,001). De plus un effet prophylactique plus important est observé chez les participants ayant des antécédents d’entorse latérale de la cheville dans l’analyse par sous-groupes par rapport à ceux indemne d’antécédent (RR = 0,49, p = 0,02).
Par rapport à l’absence d’attelle, le recours à une attelle de cheville n’apporte pas d’effet significatif dans la prévention de l’entorse latérale de la cheville (rapport de risque = 0,43, p = 0,05). Du fait de données limitées, les articles sélectionnés n’ont pas pu aboutir à des conclusions sur la douleur, l’œdème ou le coût économique.
Selon cette synthèse, l’entraînement proprioceptif est efficace pour prévenir l’entorse latérale de la cheville, en particulier pour les personnes ayant un antécédent. La proprioception correspond au processus neuronal par lequel le corps capte les informations sensorielles de l’environnement et les intègre pour produire une réponse motrice adaptée et la modifier si nécessaire.
Les exercices impliqués sont variés : ils comprennent entre autres le travail de l’équilibre bipodal ou unipodal, avec plus ou moins des déstabilisations intrinsèques ou extrinsèques, le shunt de certaines canaux sensoriels (yeux fermés) ou la double tache (équilibre et cognitif). Cependant les programmes d’entraînement proprioceptif prophylactique décrits dans les divers articles manquent d’homogénéité (notamment sur la durée, l’intensité et la progression), et justifieraient un approfondissement pour plus de standardisation.
RÉFÉRENCE
Wang F, Guan Y, Bamber Z, Cao X, Qi Q, Niu W, Chen B : Preventive interventions for lateral ankle sprains: A systematic review and meta-analysis. Clin Rehabil. 2023 May;37(5):585-602. doi: 10.1177/02692155221137640.