Les orthèses plantaires (OP) sont couramment utilisées dans le traitement des blessures du pied, de la cheville et des membres inférieurs, pour optimiser la mécanique et la fonction du pied et pour fournir un amortissement et une décharge des structures du pied. Pour atteindre le critère clinique individuel requis, des cales dans le plan frontal peuvent être requises.

Celles-ci peuvent être appliquées de différentes manières, y compris en médial et latéral, voire placées sur la semelle extérieure de la chaussure, et peuvent également présenter des différences dans leur longueur antérieure/longueur postérieure. L’efficacité de ces cales pour diminuer la douleur et améliorer la fonction du pied et du genou a été résumée dans diverses revues systématiques, leur principal objectif biomécanique étant de réorganiser les moments externes dans les différentes articulations du pied et du membre inférieur, en modifiant l’emplacement des forces de réaction au sol pendant les phases d’appui de la marche.

Or, dans la littérature, deux hypothèses contradictoires ont été proposées concernant l’altération des forces de réaction au sol. Selon la première, une cale placée médialement (ou varus) augmente la pression maximale sous la face médiale du pied (arrière), tandis qu’une cale latérale (ou valgus) le fait sous la face latérale. L’hypothèse alternative est que les cales placées médialement inclinent le pied latéralement et déplacent la pression maximale vers la face latérale du pied (arrière) et inversement.

Pour éclaircir cela, une revue a cherché à rapporter l’effet de différentes cales sur la distribution de la charge plantaire du pied humain, sachant que le déplacement du centre de pression plantaire est souvent utilisé comme mesure biomécanique car il fournit une perspective monoplantaire du déplacement des forces de réaction au sol à la surface plantaire.

Une revue de la littérature incluant 11 études
Onze articles ont été inclus dans l’examen : 4 études croisées, 4 études quasi-expérimentales et 3 essais contrôlés randomisés (ECR). Ces onze études ont concerné 320 patients, âgés de 20 à 60 ans. En ce qui concerne la qualité des études, la plupart des études observationnelles et des ECR avaient un niveau de qualité modéré.

Les cales dans le plan frontal ont été étudié chez des sujets variés : certains étaient sains, d’autres présentaient une instabilité de la cheville ou une arthrose du genou et une étude a examiné des patients obèses. Les données de ces études suggèrent que les cales frontales provoquent une redistribution de la pression plantaire, avec une augmentation de la pression latérale du talon pour les cales latérales et une augmentation de la pression médiale du talon pour les cales médiales. De plus, les coins latéraux ou valgus produisent un déplacement latéral de la ligne de marche et les coins varus ou médiaux produisent un déplacement médial de cette caractéristique biomécanique.

Face aux différentes hypothèses développées, cette synthèse suggère que la semelle intérieure à coin latéral induit un déplacement latéral du centre de pression plantaire, tandis que les coins médiaux semblent engendrer inversement un déplacement médial. En ce qui concerne la force d’impact maximale (force de réaction verticale du sol), il existe moins de consensus et aucune conclusion claire ne peut être tirée. Ces cales planes frontales peuvent provoquer des augmentations distinctes de la force et de la pression dans différentes zones du pied. De fait, les futures études devraient tenir compte de la façon dont le centre de pression change en fonction de la répartition de la pression dans le pied.

RÉFÉRENCE
Martinez-Rico M, Deschamps K, Gijon-Nogueron G, Ortega-Avila AB. Impact of in shoe and barefoot placed frontal wedges on plantar loading: A systematic review. Gait Posture. 2022 Sep;97:62-72. doi: 10.1016/j.gaitpost.2022.07.233. Epub 2022 Jul 21. PMID: 35901593.