La vessie hyperactive (VSA) est une affection clinique dont la cause peut ne pas être claire. Les résultats de cette étude de cohorte prospective suggèrent que la stimulation percutanée du nerf tibial (PTNS) pourrait être un traitement de deuxième intention, au même titre que les traitements médicamenteux, pour les patients atteints d’hyperactivité vésicale ne répondant pas à une prise en charge conservatrice ou pour les patients visant à éviter les approches chirurgicales.

Le syndrome de la vessie hyperactive (VHA) touche 10 à 15% des femmes et affecte gravement leur qualité de vie. Les traitements de première intention comprennent la thérapie comportementale et physique alors qu’en deuxième intention sont prescrits les médicaments tels que les œstrogènes vaginaux, les anticholinergiques et les agonistes ß3-adrénergiques. Les traitements de troisième intention comprennent des mesures plus invasives, notamment des injections botuliques intra-détrusor, une modulation du nerf sacré (SNM) ou la stimulation percutanée du nerf tibial (PTNS). Le but de cette étude de cohorte prospective est d’évaluer l’efficacité à long terme du traitement PTNS pour traiter l’hyperactivité vésicale. Les traitements de première ligne ne sont pas toujours facilement applicables tandis que les effets secondaires des traitements médicamenteux sont assez fréquents.

Des procédures plus invasives peuvent donc être nécessaires. L’injection de toxine botulique est une procédure peu invasive, efficace mais qui doit être répétée régulièrement. La SNM est une intervention chirurgicale mini-invasive, relativement sûre, souvent bien tolérée mais dont l’efficacité est peu concluante chez certains patients. Le PTNS est un traitement non chirurgical et non hormonal qui utilise un neuromodulateur pour stimuler le nerf tibial, altérant la neurotransmission du plexus nerveux sacré, modulant ainsi indirectement la fonction de la vessie. Le PTNS n’est pas actuellement promu en tant que traitement de deuxième ligne pour l’hyperactivité vésicale malgré les preuves favorables disponibles. Le but de cette étude est d’évaluer l’efficacité à long terme du traitement PTNS pour diminuer l’instabilité vésicale.

Une technique peu invasive

Dans cette étude, les patientes ont suivi un traitement une fois par semaine pendant 12 semaines (phase 1) puis 12 traitements PTNS sur 6 mois (phase 2). Une aiguille PTNS est insérée 3 cm en haut et 2 cm en arrière de la malléole médiale à proximité de l’emplacement du nerf tibial selon le protocole du fabricant. Une électrode est ensuite insérée et connectée à un système de neuromodulation portable. La tension appliquée requise est adaptée à l’individu, variant avec la proximité de l’emplacement du nerf tibial et le confort du patient. Le traitement comprend ensuite 30 min de stimulation du nerf tibial.

Diminution à long terme de la fréquence urinaire

La réponse des patients au PTNS a été mesurée à l’aide de deux questionnaires validés. Après la phase 1 menée sur 166 patientes, on a constaté par rapport à la valeur initiale ; une réduction statistiquement significative de l’urgence urinaire (29,8%), de la nycturie (29,8%), de l’incontinence (31,0%) et de la fréquence des mictions (33,8%). Les patientes qui ont terminé la phase 2 ont également montré une réduction supplémentaire statistiquement significative de la fréquence urinaire (56,5%), tandis que les trois autres symptômes de l’hyperactivité vésicale ont montré une tendance à la baisse de la gravité. Aucun effet secondaire indésirable du traitement PTNS n’a été signalé. Dans l’ensemble, les résultats de cette étude sont positifs et confirment que le PTNS est une méthode efficace pour soulager l’hyperactivité vésicale.